Paris ne ferme pas la porte à l'exploitation des gaz de schiste

Publié le par gargazland84

 

 
 

Affiche hostile aux recherches sur les gaz de schiste, à Beaumont, en Ardèche.Pierre Bouvier -

Lemonde.fr
La France ne renonce pas à la recherche scientifique sur un possible recours aux gaz de schiste dans l'avenir. "Aujourd'hui, il y a des risques incontestablement qui ne sont pas bien maîtrisés,  a réaffirmé, vendredi 22 avril, le ministre de l'énergie, Eric Besson. En même temps, la science va progresser, et il faut se donner les moyens que peut-être un jour, dans deux ans-trois ans, on trouve que l'exploitation peut être faite".

"Ce qui est important, a-t-il ajouté surFrance Info, c'est de dire qu'il n'y aura pas exploration et exploitation. En même temps, ne fermons pas définitivement la porte. Le gaz naturel dans la roche, peut-être que ce sera un jour une source d'énergie intéressante. C'est le cas des Etats-Unis."
UN PRÉ-RAPPORT DÉFEND LA POURSUITE DES TRAVAUX

Demandé début février par la ministre de l'écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, et M. Besson,  après qu'ils ont suspendu tous les projets d'exploration de ces hydrocarbures non conventionnels qui soulèvent une vaste opposition des écologistes, un rapport d'étape sur les enjeux économiques, sociaux et environnementaux des huiles et gaz de schiste est favorable à la poursuite des travaux de recherche et d'exploration, mais sous un contrôle très strict,.
"Il serait dommageable, pour l'économie et pour l'emploi, que notre pays aille jusqu'à s'interdire (...) de disposer d'une évaluation approfondie de la richesse potentielle" de ces gisements, indiquent les auteurs du rapport d'étape. "Mais pour ce faire, il est indispensable de réaliser des travaux de recherche et des tests d'exploration", ajoutent-ils.
Les experts recommandent que ces travaux de recherche et expérimentations soient assortis d'un "encadrement strict". Ils suggèrent ainsi la création d'un Comité scientifique national composé d'experts du BRGM (service géologique national), de l'Ifpen (Institut des énergies nouvelles) et de l'Ineris (Institut national de l'environnement industriel et des risques).
"Mon premier sentiment était le bon, ces autorisations n'auraient pas dû être données avant l'évaluation environnementale", a déclaré la ministre de l'écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, réagissant aux conclusions du pré-rapport. Selon elle, ce dernier indique qu'"il y a besoin de beaucoup de travaux complémentaires avant de conclure dans un sens ou dans l'autre".
Initialement, le rapport final de la mission, chargée d'étudier les enjeux des "hydrocarbures de roche mère" (huiles et gaz de schiste), était prévu pour fin mai, mais ses travaux pourront être prolongés.
VERS PLUS DE CONCERTATION

Disséminés dans la roche au lieu d'être concentrés dans des poches, les gaz et huiles de schiste sont extraits grâce à des forages horizontaux qui fracturent la roche en injectant d'énormes quantités d'eau, de sable et de produits chimiques. Les auteurs du pré-rapport citent quatre conditions qui doivent être "impérativement satisfaites" avant toute exploration : une bonne connaissance de la géologie et de l'hydrogéologie locales, l'utilisation des meilleures technologies disponibles, un strict encadrement juridique et technique des travaux de recherche, et des contrôles rigoureux.
Le Bassin parisien devrait renfermer d'importants gisements d'huile de schiste (100 millions de mètres cubes techniquement exploitables) et le sud de la France du gaz de schiste (500 milliards de mètres cubes).

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté, le 16 avril, contre le gaz de schiste à Donzère, dans la Drôme, ville dont le maire est Eric Besson.AFP/PHILIPPE MERLE
Le premier ministre, François Fillon, avait annoncé le 13 avril qu'il allait annuler les permis d'exploration accordés en 2010, 2009 et 2008 avec les technologies actuelles, objets de vives critiques des écologistes. Il avait néanmoins gardé la porte ouverte à cette filière énergétique à condition de l'exploiter avec de nouvelles techniques. Le gouvernement avait aussi annoncé son soutien aux projets de loi déposés, dont l'un de la majorité UMP, pour interdire les explorations. Un débat est prévu le 10 mai à l'Assemblée nationale.
Mais ce rapport risque de ne pas calmer la contestation contre le gaz de schiste, qui a donné lieu à une importante mobilisation dans les zones concernées ces dernières semaines (édition abonnés). La ministre de l'écologie a cependant rappelé que, parallèlement, il est "prévu de réfléchir à l'ouverture du code minier pour aller vers plus de concertation." Il est notamment prévu que les populations soient consultées sur tout projet susceptibles d'avoir des impacts sur l'environnement.

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